Nos magasins, nos boutique n'innoveront pas tant qu'on y trouvera des « vendeurs » qui un jour vendent, très cher, des chaussettes le lendemain des yaourts produits en masse selon le standard proposé à une clientèle λ, qui se satisfait d'un certain tout-venant. Les fabricants-équipementiers comme leurs distributeurs plus ou moins spécialisés ne font qu'honorer la demande. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter leurs catalogues, on y voit les mêmes gourdes, bidons, gamelles, etc., déclinés pour certains dans des dizaines de versions, mais toutes les mêmes quant à leur aspect. La seule différence constatée est leur qualité d'exécution et de matériaux selon le renom du fabricant.
Le randonneur, le campeur du terrain des Flots bleus, le pique-niqueur dominical, est forcément dilettante dans leur esprit, il n'a donc pas besoin de matériel pointu. C'est pourquoi beaucoup se tournèrent, et se tournent encore, vers le matériel des vrais gens de terrain, c'est-à-dire celui des militaires. Certains fournisseurs s'essayèrent à rendre un aspect plus civil à leurs produits, hélas il en conservèrent souvent les coloris. Mais pourquoi changer des objets qui ont traverser les siècles ? Pour mémoire, le petit quart dit « scout » est le modèle 1864 de l'armée française.
En France, la tendance majeure n'est pas, n'est plus, à s'installer plusieurs jours en plein air sans une logistique importante, emportée ou trouvée sur place, eau chaude sur l'évier et dans les douches. Dans la nature encore un peu sauvage peu s'aventurent et la civilisation n'est jamais plus loin qu'une journée de marche. Leurs exigences sont tellement minoritaires qu'elles ne sont presque pas prises en considération. Dans d'autres pays, ce n'est pas le cas et puis pourquoi se priver d'un matériel, en principe, meilleur marché, d'une bonne qualité moyenne et d'une efficacité avérée (ce sont leurs copies qui sont trop souvent mauvaises). Quelques aventuriers exigeant, demandèrent des modifications et optimisations de l'existant. Là, il faut du temps pour les voir se généraliser.
Quant aux allergiques à tout ce qui est uniforme, qu'ils commencent par quitter leurs jeans, baskets, blouson ou sweet à capuche ou leur costume-cravate de banquier ou de jeune cadre aux dents longues.
Personnellement j'ai toujours eu une nette préférence pour les nappes blanches ; la porcelaine de Sèvres (à la rigueur de Limoges) ; aux carafes et verres en cristal, aux plats et couverts en argent.
Ce n'est pas parce que je suis dans les bois que je dois me comporter en sauvage en oubliant les bonnes manières. Et ce n'est pas interdit.
Soyons un peu sérieux, si nous parvenons à trouver un idéal, il ne dure que jusqu'à ce que nous croyons trouver mieux. Nous donnons dans la facilité du consumérisme, sans chercher à tirer le maximum de ce que nous avons, parfois avec quelques modifications personnelles. Pour moi ça prouve que nous ne savons pas nous adapter, ni n'essayons de nous satisfaire de ce que nous avons. Si nous ne cherchions pas le mieux, nous ne serions pas humains, mais le mieux n'est-il pas l'ennemi du bien ?
Qui que nous soyons, nous nous laissons influencer par les modes et les psychoses collectives, il faut bien vendre de la peur pour rendre les gens dociles et les faire consommer dans le sens lucratif voulu.